Contexte
Le syndicat mixte composé de la communauté de communes du val de Drôme et de celle du Crestois et du pays de Saillans, s’est fixé pour objectif la réalisation d’un Schéma de Cohérence Territorial (SCOT) qui se veut un document de planification en matière d’aménagement du territoire et d’urbanisme sur les 15 à 20 prochaines années. Ses orientations impacteront, entre autres, le Plan Local d’Urbanisme (PLU) de chaque commune qui détermine l’affectation des sols.
Le projet de SCOT, arrêté en décembre 2023, a été soumis à l’approbation des communes au premier trimestre 2024 et l’enquête publique s’achèvera au terme du premier semestre 2024.
Ce projet prévoit notamment un accroissement important de la population sous 10 à 15 ans, essentiellement dans la basse vallée de la Drôme, avec 12.000 habitants supplémentaires, soit quasiment une fois et demie la population de Crest.
Cette urbanisation générera des besoins en eau accrus. Officiellement, ils devraient être couverts en partie par la suppression des fuites sur les réseaux et par les économies attendues de la part des habitants actuels, fortement incités en cela par une tarification résolument haussière. Mais ne nous y trompons pas, la majeure partie de l’eau nécessaire fera l’objet de nouveaux prélèvements.
C’est pourquoi, après examen des possibles ressources (Synclinal de Saôu, Cône de déjection des alluvions de la rivière Drôme, Molasse miocène de Montoison), la priorité a été donnée au Karst (formation géologique aquifère) alimentant la Gervanne qui fera l’objet d’une étude étalée sur presque 3 ans, d’un coût de 350.000 € et destinée à étudier son fonctionnement afin d’estimer les volumes prélevables. Compte tenu du montant investi dans cette étude, il y a tout lieu de penser que ce soit « l’élargissement » de l’exploitation du karst de la Gervanne qui soit retenu avec de graves perturbations pour la vallée de la Gervanne.
Conséquences d’un tel prélèvement d’eau pour la vallée de la Gervanne
Dans un contexte de baisse généralisée du débit moyen des rivières lié au changement climatique et alors que l’état des lieux réalisé par le SCOT fait déjà apparaître, actuellement, un dépassement de 18% des volumes prélevés par rapport aux volumes prélevables, le SCOT envisage, sur le territoire des deux communautés de communes, un prélèvement supplémentaire d’au moins 20% dont on n’a, à ce jour, aucune certitude qu’il soit possible, notamment l’été avec l’afflux des touristes. Cela s’appelle mettre la charrue avant les bœufs !
Et afin de pallier cette situation hydrologique tendue, nos élus envisagent de fermer les canaux de dérivation pour compenser l’effet du prélèvement supplémentaire sur le débit des rivières.
Les diverses études déjà menées au niveau du Karst de la Gervanne et notamment les essais de pompages réalisés en 2004 ont fait apparaître une incidence directe sur le débit des Fontaigneux, source principale de la Gervanne et donc sur le débit de cette dernière.
Avec une rivière quasiment à sec durant la belle saison, il est aisé d’imaginer les conséquences désastreuses sur la vie de la vallée, au niveau de la biodiversité, de la pisciculture, des installations hydro-électriques, des cultures, des jardins familiaux, de la pêche de loisir, etc.
Notre cadre de vie en serait totalement chamboulé, sans aller jusqu’à imaginer le pire, à savoir le désamorçage du siphon naturel qui alimente le Karst, qui conduirait à l’asséchement complet de la Gervanne, une grande partie de l’année, avec pour conséquence immédiate et irréversible, le tarissement définitif, non seulement du prélèvement envisagé par le SCOT, mais aussi et surtout du soutirage dans la résurgence de la Bourne (sous Beaufort) qui vient efficacement renforcer, depuis 1992, les réseaux de la vallée de la Gervanne (jusqu’à Crest), pour un volume maximal de 100 l/s. Cela s’apparente à jouer aux apprentis sorciers !
Il est regrettable de constater que nos élus, dans leur grande majorité, aient fait le choix d’une urbanisation irraisonnée, au détriment des grands équilibres et de la qualité de vie des habitants de toute une vallée, pourtant partie intégrante de Bio vallée dont ces mêmes élus ne cessent de vanter la douceur de vivre.
Enquête publique
C’est une occasion unique de faire connaître votre opposition au projet de prélèvement supplémentaire dans le karst alimentant la Gervanne
Il est primordial que chaque habitant de la vallée fasse part de ses craintes concernant tout prélèvement supplémentaire dans le karst de la Gervanne. Il en va de l’avenir de la vallée et de notre cadre de vie. Nous avons choisi de vivre dans cette vallée pour la qualité de vie qu’elle nous procure. Nous avons investi notre temps et notre argent dans ce territoire, parfois depuis plusieurs générations. Ne laissons pas dévaloriser ce qui représente souvent le fruit de toute une vie !
Pour cela et pendant la durée de l’enquête publique (du 6 mai au 8 juin), vous pouvez manifester vos observations et votre opposition à tous nouveaux prélèvements dans le Karst de la Gervannne.
Photo & texte: le collectif » Sauvez la Gervanne »